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Notice individuelle

 
Marc NENERT
Né le 23 Novembre 1927
Tué à l'ennemi le 12 Janvier 1954 près de  Dien-Bien-Phu

Nous citerons la note individuelle qui a été écrite par sa famille pour se souvenir:

L'existence de Marc, brève et ardente, revit ici, sans emphase, à l'intention de nos enfants et de nos petits-enfants. Ils y verront comment, par la volonté réfléchie et l'élévation du caractère, on construit sa propre destinée, et on se réalise soi-même jusque dans la mort.

La naissance de Marc, garçon venant après deux filles, est accueillie avec joie. Il est tout brun, tout rose et tout rond. C'est le plus délicieux des bébés, toujours souriant. En grandissant, il devient turbulent, volontaire, mais avec un si bon sourire et un regard si franc qu'il faut s'armer de fermeté pour le gronder.

Il se passionne pour la vie des bêtes, et tire sur ses propres oreilles pour les rendre aussi longues que celles des chiens de chasse. Le travail ne l'attire guère et il faut souvent l'attraper par le fond de la culotte pour l'empêcher de se sauver sous la table. Il est encore tout rond, tout rose mais déjà dur à la douleur, continuant une séance de gymnastique malgré une fracture du bras.

De temps en temps, une réflexion montre que cette exubérance n'exclut pas la profondeur. A sept ans, il pense, dit-il, toujours à deux choses:: "A Jésus mort sur la croix, et aux soldats tués à la guerre". La vie du Père de Foucauld l'impressionne et on trouve, dans toutes ses poches, de petits papiers où il a inscrit sa résolution de devenir missionnaire.

En sixième, il se révèle brillant élève. Mais, en 1939, la guerre marque une coupure. Pendant deux ans, il mène une vie campagnarde, un peu sauvage, où il préfère l'écoute de la radio anglaise aux études.

Le retour de sa famille à Paris, en 1942, le ramène au foyer après un an d'internat à L'Ecole Bossuet avec cours de troisième au Lycée Louis-le-Grand.

Ses études se poursuivent. Son caractère s'affirme. Il est taquin, violent, batailleur, mais plein de contrition et de bonnes résolutions après quelque sottise. Il se montre taciturne, avec des moments de folle gaîté et un sens aigu du comique.

Il faut beaucoup de patience et de doigté pour le mettre en confiance, car il se cabre facilement. Il passe le baccalauréat latin-grec et, la même année, la Libération de Paris le plonge dans l'enthousiasme. Sa vocation militaire se manifeste de plus en plus et il se prépare Mathématiques élémentaires, indispensables alors pour entrer en Corniche au Lycée Saint-Louis. Cela ne l'empêche pas, l'année suivante, de passer le baccalauréat de philosophie.

En 1947, Marc travaille ferme, car il veut arriver à Saint-Cyr à tout prix. Il est reçu et exulte: "Finie la vie de potache", écrit-il. Mais, à Coëtquidan, il fournit encore un gros effort pour obtenir la Légion étrangère qu'il désire ardemment. Toujours débordant d'activité, il participe à des compétitions d'escrime, à des concours hippiques, sans mépriser les réunions mondaines, car il dans à la perfection. Il n'est pas grand, mais svelte et mince, tout en muscles, avec un visage aigu et volontaire que transforme le sourire.

                        

La promotion "Rhin-et-Danube" sort de l'Ecole. C'est l'affectation au 1er Régiment étranger à Mascara, la vie active, mais aussi la vie de garnison. Très vite, Marc demande à être muté dans les parachutistes de la Légion. Il piaffe déjà d'impatience de na pas être en Indochine. Pour satisfaire son besoin d'action, il monte à cheval, fait de l'aviation et obtient le brevet de pilote civil. Souvent, il exhale dans ses lettres sa rage de "croupir" en Afrique, alors que la Légion se bat et vient, en particulier, d'être décimée à Cao-Bang.

En avril 1951, il vient à Pau faire son stage parachutiste. "Ce n'est pas un sport de petite fille, écrit-il; il faut, à chaque saut, surmonter une appréhension physique du vide."

Après un assez morne séjour à Sétif, il prend part, en février 1952, à la campagne de Tunisie, opération de nettoyage au Cap-Bon, à Sousse, Sfax, Gabès, "un boulot de flics" qui ne lui plaît guère. Désigné comme officier d'ordonnance du général Monclar, il fulmine: "On se trompe lourdement , si  on croit faire de moi un officier de salon!"

En mars 1952, il envoie un bulletin de victoire: enfin, le départ pour l'Extrême-Orient est fixé. Le 5 avril 1952, le visage radieux, il prend l'avion pour Saïgon, puis Hanoï. Il est affecté au commandement d'une section du 1er bataillon étranger de parachutistes.

La campagne, la dure campagne est commencée. Pendant vingt-deux mois, il ne s'arrêtera guère de combattre du Haut-Tonkin au Delta, en Annam comme au Laos. C'est Nam-Dinh, l'opération "Lorraine", Na-San, l'opération "Brochet", pour ne citer que les actions principales. Et enfin, c'est Dien-Bien-Phu, où il est parachuté le 21 novembre 1953.

Il écrit peu et parle de lui moins encore. Il annonce négligemment ses citations sans jamais en donner le texte. De temps en temps, on apprend qu'il y a eu "un nouveau coup dur" et qu'il "a eu de la chance". Mais chaque fois on lit: "Mes légionnaires ont été magnifiques.

Le 5 janvier 1954 - est-ce hasard ou pressentiment? - il sort de sa réserve habituelle et il écrit à son frère Jean-Luc une lettre dont le ton prend, après coup, une étrange gravité: "Chacun se doit de faire oeuvre utile, là où il se trouve"; plus loin: "Si, à vingt ans, un homme n'a pas envie de partir, c'est qu'il n'a pas grand-chose dans le ventre et il traînera sa médiocrité et son ennui tout au long de sa morne existence. Il faut être enthousiaste et jamais satisfait, sinon on devient un vieillard avant l'âge", et enfin: "Ceci est écrit par un type qui a l'avantage d'avoir réalisé pleinement e qu'est la joie de vivre, parce que, à plusieurs reprises et encore tout récemment, il a froidement envisagé qu'il avait 50 p. 100 (ou plus) de chances de disparaître."

Cette lettre, en effet, arrive deux jours après sa mort. Il tombe le 12 janvier 1954, tué sur le coup par des éclats de mortier, au cours d'un dur accrochage avec des forts éléments Viet-Minh à quelques kilomètres du camp retranché de Dien-Bien-Phu.

Il venait d'avoir 26 ans.

Il faut lire ses citations, il faut entendre le témoignage de ses camarades et de se supérieurs pour apprécier la valeur de l'homme et du chef. Il avait placé très haut son  idéal de soldat - entraîneur d'hommes par l'exemple - et l'a réalisé jusqu'au sacrifice total, sacrifice qu'il avait envisagé et accepté avec toute sa lucidité, son enthousiasme et sa foi.

Voici un lien vers le site La Bataille de Dien Bien Phû où le récit de la sortie du 12 Janvier 1954 est très bien décrit avec l'aimable autorisation de l'auteur. On y trouvera également de nombreuses photos.

 

Les Citations:

A l'ordre de la Division-O.G. N°1912 du Général de C.A. DE LINARES, Cdt les F.T.N.V.  en date du 29 octobre 1952

"Jeune Chef de Section dynamique et courageux. S'est particulièrement distingué le 2 septembre 1952 à Quang-Xa ( secteur de Hung-Hien, Tonkin) en brisant après deux heures de violent combat, les assauts d'un ennemi mordant, appuyé par des mortiers et des armes automatiques. A contraint l'adversaire à se replier avec de lourdes pertes."

A l'ordre de la Division en date du 7 avril 1953.

"Jeune Chef de Section, dynamique et courageux. Ayant reçu pour mission d'ouvrir la route entre Deomang-Ankhe, le 1er février 1953, pour permettre le passage d'un convoi, a décelé le dispositif adverse placé à hauteur de An-Thuong (R.C 19) permettant ainsi le succès de l'opération, en dépit des pertes sévères causées à sa section par les pièges rebelles."

A l'ordre du Corps d'Armée-O.G. N°613 du Géral de C.A. NAVARRE, Cdt en chef les F.T.N.A. en Indochine en date du 24 juin 1953

"Jeune Chef de Section énergique et enthousiaste dont chaque engagement confirme les belles qualités d'entraîneur d'hommes. Le 3 avril 1953 devant le village de Uoc-Le (province d'Hadong, Nord-Viet-Name) tenu par l'ennemi, a donné l'assaut à la tête de sa section, méprisant le feu nourri de l'adversaire et l'obligeant à laisser sur le terrain ses morts et ses armes. Le lendemain, alors que l'ensemble du Bataillon livrait un combat très dur dans Que-Son, grâce à une action audacieuse, a intercepté un élément ennemi, capturant 16 prisonniers et 3 armes dont 1 F.M."

A l'ordre du Corps d'Armée en date du 24 janvier 1954

"Chef de Section confirmé, d'un courage et d'un allant exceptionnels, qui se sont encore affirmés du 25 septembre au 11 octobre 1953 dans la région de Hung-Yen (Nord-Viet-Nam). Malgré des pertes presque quotidiennes s'élevant au total à 3 tués et 11 blessés, a entraîné ses hommes d'accrochage en accrochage, de village miné en village mine. Le 8 octobre à Doan-Dao et le 9 octobre à Phuong-Thon, a donné l'assaut aux lisières des villages tenus par l'adversaire et a poursuivi l'ennemi dans les villages abondamment minés."

A l'ordre de l'Armée, transformée au titre de la Légion d'Honneur en date du 28 mai 1954

"Chef de Section dont l'autorité, le courage et l'enthousiasme font un remarquable entraîneur d'hommes. Parachuté à Dien-Bien-Phu, le 21 novembre 1953, a donné la pleine mesure de ses brillantes qualités au cours des durs combats du Pou-Ya-Thao, le 14 décembre. Faisant face à de forts éléments rebelles menaçant l'arrière-garde du Bataillon, a brisé leur élan à très courte distance, puis contre-attaquant à la tête de ses hommes dans la forêt, a contraint l'adversaire à se replier, lui causant des pertes, récupérant des armes et ramenant les blessés amis.

A trouvé une mort glorieuse, le 12 janvier 1954 à Ban-Lun (Dien-Bien-Phu) alors qu'il entraînait ses hommes sous un violent tir de mortiers à l'attaque d'une position adverse."

 

                    

Les Lettres

"Le 12 Janvier, à environ 10 kilomètres de Dien-Bien-Phu, le bataillon en reconnaissance se heurta à l'adversaire sur une piste de montagne. La 1ère compagnie fut chargée de parer à une attaque de flanc d'éléments ennemis. L'engagement eut lieu  sous un violent tir de mortiers de 81mm. Un de ces obus atteignit Marc de ses éclats, à la nuque et à la poitrine. Marc est mort sur le coup, en soldat. L'engagement se termina heureusement pour nos armes, donnant ainsi toute sa valeur au sacrifice de votre fils dont le visage garda toute son expression, pas une crispation n'altéra ses traits. La perte du lieutenant Nenert fut ressentie comme une catastrophe par tout le bataillon." (Capitaine V.)

"Je tiens à vous dire, très simplement, quel bel officier était le lieutenant Nenert. Courageux, il l'était magnifiquement. Ses camarades et ses légionnaires, qui sont des connaisseurs, l'avaient très vite compris, et il faisait l'admiration de tous par son calme, son énergie, sa détermination. Mais, mieux que cela, il avait cette intelligence lucide des conditions du combat, cette compréhension tactique, qui font les vrais chefs militaires. Son Commandant de Compagnie, qui est un chef sévère et exigeant, me disait souvent: sur le terrain, Nenert est d'une classe supérieure à celle des officiers de son grade. C'est donc, voyez-vous, non seulement un camarade qui nous était cher, que nous pleurons aujourd'hui, mais aussi un officier de valeur, un des meilleurs d'entre nous, dont nous conserverons pieusement le souvenir. Vous pouvez être fier de lui, sa conduite et sa mort, qu'illustre le texte de ses citations, font honneur à sa famille comme au corps d'élite qu'il sevrait...

 

Voici la photo du monument aux morts du VII arrondissement de Paris où a été gravé son nom:

Son nom est présent aussi sur le monument aux morts de la Légion Étrangère dans le Carré des Légionnaires situé à Puyloubier (13)

 

  Correspondance avec son oncle et parrain Louis NENERT

 

avec l'aimable autorisation de Philippe NENERT et Jean-Luc NENERT , ses frères